Teddy Riner rattrapé par le fisc : l’affaire des voitures de luxe
La frontière entre l’usage professionnel et le plaisir personnel peut sembler floue, surtout quand on est à la tête de sa propre société. C’est une erreur coûteuse que vient d’apprendre à ses dépens le champion Teddy Riner, confronté à un redressement fiscal pour l’utilisation privée de voitures de luxe.
Pour Jean-Luc Moreau, 52 ans, expert-comptable à Lyon, ce cas est un classique. « Je vois ça tous les jours. Un bien de société utilisé le week-end, ça semble anodin, mais le fisc, lui, ne l’oublie jamais. La frontière est plus mince qu’on ne le pense. »
L’athlète, également entrepreneur, gérait une société de location de véhicules haut de gamme. Cependant, une vérification fiscale a révélé que deux de ses voitures de prestige, une Ferrari et une Rolls-Royce, n’avaient généré aucun chiffre d’affaires en 2016 et 2017. L’administration a donc conclu à un usage personnel, requalifiant cet avantage en sanction financière.
Le mécanisme de l’avantage en nature non déclaré
Techniquement, lorsqu’un bien d’entreprise est utilisé à des fins personnelles sans contrepartie financière, il est considéré comme un avantage en nature. L’absence totale de factures ou de contrats de location pour ces deux véhicules a servi de preuve irréfutable pour les services fiscaux, transformant ces actifs en rémunération déguisée.
Les conséquences sont multiples. Sur le plan économique, le judoka fait face à un important remboursement d’impôts, majoré de 40 % pour dissimulation. Socialement, l’affaire écorne l’image du champion exemplaire, créant un décalage entre ses succès sportifs et sa gestion d’entreprise, à un moment clé de sa préparation pour son retour.
Comment les entrepreneurs peuvent éviter ce piège fiscal
Cette situation illustre un risque majeur pour de nombreux dirigeants. Pour s’en prémunir, la tenue d’un carnet de bord précis pour chaque véhicule de société est indispensable afin de justifier chaque kilomètre. Toute utilisation privée doit être évaluée et déclarée pour éviter d’être qualifiée d’avantage occulte par l’administration.
Ce cas n’est pas isolé et met en lumière une problématique croissante chez les personnalités publiques qui deviennent entrepreneurs. La confusion entre le patrimoine de l’entreprise et le train de vie personnel est une zone grise que le fisc surveille de plus en plus attentivement, surtout dans les secteurs du luxe et du sport.
L’impact au-delà du cas personnel
Au-delà de la sanction individuelle, cette décision judiciaire a une portée plus large. Elle rappelle avec force que les règles fiscales s’appliquent à tous, peu importe la notoriété. Elle pourrait inciter de nombreux chefs d’entreprise à adopter une gestion plus rigoureuse et transparente de leurs actifs professionnels.
Que ce soit par négligence ou par choix, le mélange des genres entre les biens de sa société et son usage privé s’est soldé par une lourde sanction financière et une atteinte à sa réputation. C’est une leçon magistrale sur l’importance de la rigueur administrative, qui servira d’exemple pour tous les créateurs d’entreprise.









