La confiance placée dans un agent public peut parfois virer au cauchemar, laissant une petite communauté face à des conséquences désastreuses. C’est le sort d’Eringhem, village de 483 habitants près de Dunkerque, qui se retrouve aujourd’hui avec un stock de produits ménagers pour les vingt prochaines années, suite à une escroquerie de 155 000 euros. La secrétaire de mairie avait commandé massivement des produits en échange de 14 000 euros de cadeaux personnels (parfum, ordinateur), usurpant l’identité et le tampon officiel de la maire. Les comptes sont passés de 3 000 euros de dépenses annuelles à 155 000 euros, plongeant la commune dans le rouge.
Secrétaire mairie : la mécanique d’une fraude qui paralyse la commune
La découverte s’est faite lors du bilan comptable de 2021. D’après tf1info.fr, l’employée indélicate collaborait avec une commerciale de deux entreprises spécifiques, passant toujours commande auprès des mêmes fournisseurs. En échange de commandes excessives, elle recevait des cadeaux personnels. « Sur les bons de commande, on s’aperçoit que cette dame a utilisé mon cachet, mon tampon, avec mon nom et la Marianne d’Eringhem », précise la maire Murielle Feryn.
Un système illégal contournant les marchés publics
Ce mécanisme contournait illégalement les règles des marchés publics, profitant du manque de surveillance d’une petite structure. « Quand la secrétaire de mairie, en connivence avec la commerciale des deux sociétés, va détourner des bons cadeaux pour son propre usage personnel, on a un système contraire au code des marchés publics », explique l’avocat de la commune.
Produits ménagers : quand la solidarité remplace les services publics
L’impact a été dévastateur, plongeant les comptes dans le rouge et paralysant les services. Des habitants retraités doivent tondre les pelouses bénévolement depuis trois ans pour pallier le manque de moyens financiers. « Ils sont venus me demander si je pouvais tondre les pelouses. J’ai dit : ‘ben oui’. Je pensais que ça durerait un an mais j’ai continué pendant trois ans », témoigne un habitant.
Un stockage impossible et une bataille judiciaire
Pour gérer l’excédent, la mairie stocke des milliers de bidons où elle peut, notamment de la crème bactéricide pour les mains. Le combat ne s’arrête pas là : les deux entreprises impliquées réclament encore 80 000 euros de factures impayées plus 20 000 euros de dommages et intérêts, plongeant le village dans une bataille judiciaire complexe devant le tribunal administratif de Lille.
La vulnérabilité des petites communes
Ce cas met en lumière la fragilité des petites communes face aux fraudes internes. Le manque de personnel et de processus de contrôle stricts les expose à des abus de confiance qui peuvent compromettre leur avenir financier et la confiance des citoyens envers leurs institutions locales.
Un impact social au-delà des finances
Au-delà du préjudice financier, cette affaire affecte le tissu social. Elle questionne la confiance au sein des équipes municipales et renforce la méfiance des habitants envers la gestion des fonds publics. La solidarité des bénévoles est admirable mais souligne une fragilité systémique préoccupante.
Un combat pour la survie
Eringhem se bat aujourd’hui pour sa survie financière et pour restaurer la confiance. Cette histoire, bien que locale, est un rappel de l’importance de la vigilance et de l’intégrité dans la gestion publique, un enjeu essentiel pour la vitalité de nos territoires ruraux face aux défis budgétaires actuels.Réessayer









