C’est une marche arrière spectaculaire et un immense soulagement pour des millions de propriétaires. Face au tollé général, le Premier ministre Sébastien Lecornu a officiellement annoncé la suspension de la hausse controversée de la taxe foncière. Ce report, qui durera jusqu’au printemps prochain, doit permettre au gouvernement de revoir sa copie et de définir une « nouvelle méthode » de calcul, espérée plus juste et plus locale.
Les raisons d’un recul inattendu du gouvernement
La bombe devait éclater en 2026, touchant de plein fouet 7,4 millions de foyers avec une augmentation moyenne de 63 euros. Cette hausse technique, sans vote ni débat, a provoqué une véritable tempête politique et une angoisse palpable chez les propriétaires. « J’ai cru m’étouffer en voyant la simulation, » confie Martine Dubois, 68 ans, retraitée à Limoges. « Comment peut-on nous imposer ça maintenant, avec tout le reste qui augmente ? C’est un soulagement de les voir reculer, même si la menace plane toujours. » Le gouvernement a donc été contraint de calmer le jeu face à une colère qui menaçait de déborder.
Une base de calcul obsolète et explosive
Le projet initial reposait sur une idée simple : mettre à jour des bases de calcul qui n’avaient pas bougé depuis plus d’un demi-siècle. Des éléments de confort comme l’eau courante, l’électricité ou une salle de bains, considérés comme un luxe à l’époque, sont aujourd’hui la norme.
L’administration fiscale, via la Direction générale des finances publiques (DGFIP), prévoyait donc de requalifier automatiquement les logements encore classés comme « incomplets » sur ces critères. Une manœuvre perçue comme une augmentation d’impôt déguisée, destinée à renflouer les caisses de l’État dans un contexte budgétaire extrêmement tendu.
Vers une nouvelle méthode de calcul : le pari du local
En annonçant cette suspension, Sébastien Lecornu ne met pas fin au projet mais appuie sur le bouton « pause ». Le Premier ministre a explicitement demandé de « dilater ce calendrier pour nous emmener jusqu’au mois de mai ou juin ». L’objectif est clair : se donner le temps de la concertation.
La nouvelle piste privilégiée est celle d’une approche beaucoup plus fine, qui tiendrait compte des réalités du terrain. Le gouvernement évoque une méthode « commune par commune », voire « départementale ». Une promesse qui vise à rassurer les élus locaux et les contribuables, en suggérant un calcul plus équitable et moins brutal.
Quel calendrier pour la nouvelle taxe foncière ?
Le temps est désormais compté. D’ici le printemps, les ministères concernés devront travailler avec les collectivités pour élaborer un système acceptable par tous. La pression est immense, car un échec signifierait le retour de la menace d’une hausse aveugle et généralisée.
| Critère | Situation avant l’annonce de Lecornu | Situation après l’annonce de Lecornu |
|---|---|---|
| Calendrier d’application | Hausse prévue dès 2026 | Suspension jusqu’au printemps 2025 |
| Méthode de calcul | Mise à jour automatique et nationale des bases de 1970 | Recherche d’une « nouvelle méthode » locale (« commune par commune ») |
| Foyers concernés | 7,4 millions de logements impactés directement | Impact gelé en attente de la nouvelle méthode |
| Objectif du gouvernement | Augmenter les recettes fiscales discrètement | Apaiser la polémique et trouver un consensus politique et social |
Quelles conséquences pour les propriétaires ?
Pour des millions de Français, c’est une véritable bouffée d’oxygène. La menace d’une charge supplémentaire, dans un climat déjà plombé par l’inflation, est écartée, du moins temporairement. Ce sursis offre une visibilité bienvenue pour les budgets des ménages en 2025.
Cependant, l’incertitude demeure. La suspension n’est pas une annulation. Le problème de fond, à savoir des valeurs locatives totalement déconnectées de la réalité du marché immobilier, reste entier. Les propriétaires sont désormais dans une phase d’attente, espérant que la future méthode ne sera pas qu’un simple habillage pour une hausse inévitable.









