« Les vieux méritent mieux » : le cri d’alarme des professionnels du grand âge
La prise en charge de nos aînés est à un point de rupture, et le sentiment d’impuissance grandit face à l’inaction politique. Pour y répondre, des milliers de professionnels se mobilisent. Ils réclament une loi de programmation pluriannuelle ambitieuse pour garantir un accompagnement digne face au vieillissement de la population.
Un quotidien devenu intenable
Gaëlle Edinval, 42 ans, directrice d’un établissement pour personnes âgées à Saint-Soupplets, en Seine-et-Marne, est en première ligne. « Chaque jour, nous jonglons avec les moyens du bord pour maintenir une qualité de vie. Mais nous arrivons à un point de rupture où la bonne volonté ne suffit plus. »
De la vocation à la mobilisation
Au départ, la gestion de son établissement était un défi stimulant. Mais la difficulté croissante à recruter, l’épuisement des équipes et le déficit financier ont transformé le quotidien en une lutte permanente. Face à l’impossibilité d’améliorer les conditions de travail, rejoindre le mouvement national est devenu une évidence.
Pourquoi le système est-il à bout de souffle ?
Le financement des établissements, complexe et fragmenté, n’a pas suivi l’inflation ni l’évolution des besoins. Cette situation crée un déficit structurel qui empêche toute revalorisation salariale ou investissement, entraînant une pénurie de personnel et une baisse de la qualité des soins, un véritable cercle vicieux.
Des conséquences humaines et financières graves
Les chiffres sont alarmants : 65 % des établissements ont terminé l’année 2024 dans le rouge et 70 % manquent de personnel. Cette crise a un impact direct sur la santé des résidents et provoque un épuisement professionnel généralisé chez des soignants dévoués mais sous-payés et en sous-effectif.
Des alternatives encore trop rares
La crise ne se limite pas aux maisons de retraite ; les services d’aide à domicile sont également touchés. Si des solutions comme l’habitat inclusif ou les résidences intergénérationnelles existent, elles restent marginales et sous-financées, incapables de répondre seules au défi démographique qui s’annonce.
Un enjeu de société majeur pour demain
Avec une augmentation attendue de 48 % du nombre de personnes de plus de 85 ans dans les dix prochaines années, la question n’est plus sectorielle mais sociétale. Le manque d’anticipation actuel met en péril la capacité du pays à prendre soin de ses aînés dignement.
Vers une fracture sociale du grand âge ?
Sans une intervention politique forte, le risque est de voir émerger un système de prise en charge à deux vitesses, où seuls les plus aisés pourront s’offrir des services de qualité. Ce scénario fragiliserait le pacte de solidarité qui lie les générations et notre modèle social tout entier.
Un appel pour un changement profond
La mobilisation actuelle est bien plus qu’une simple revendication salariale ; c’est un appel à repenser la place des personnes âgées dans notre société. L’adoption d’une loi de programmation est désormais la seule voie pour construire un avenir où vieillir rime avec sérénité et respect.
