Non, il n’existe pas de smic unique en chine. Le salaire minimum est une mosaïque de montants fixés par chaque région, créant un fossé spectaculaire entre les métropoles et les provinces de l’intérieur. En 2025, le plus élevé se trouve à shanghai avec 2 740 yuans (environ 351 €), tandis que le plus bas peine à atteindre 1 700 yuans (environ 218 €). Cette fragmentation révèle les profondes inégalités économiques du pays et soulève une question cruciale : comment un travailleur peut-il vivre avec de tels écarts ?
Un système éclaté : les multiples visages du smic chinois
La chine a choisi un modèle décentralisé pour son salaire minimum, une approche qui reflète son immensité et sa diversité économique. Chaque province, municipalité ou région autonome a la responsabilité de définir ses propres seuils. Ce mécanisme repose sur une double base : un montant mensuel pour les salariés à temps plein et un taux horaire, plus flexible, pour les autres travailleurs. Comme le confie Wei Li, 22 ans, ouvrier à Shanghai, « quand je compare mon salaire minimum avec celui de mes cousins restés dans le liaoning, c’est le jour et la nuit. Ici, j’ai l’espoir de construire quelque chose, là-bas, c’est juste de la survie. » Cette réalité est le fruit de révisions massives, puisque près de 90 % des régions ont actualisé leurs montants en 2025 pour tenter de suivre l’inflation et le coût de la vie.
Il est essentiel de comprendre que ce salaire minimum légal ne constitue que la base de la rémunération. Il exclut systématiquement les heures supplémentaires, les primes diverses et de nombreux avantages en nature comme la prise en charge du logement ou des repas, qui peuvent considérablement changer la donne pour les travailleurs.
Le grand écart des salaires : qui sont les gagnants et les perdants ?
Cette politique salariale à plusieurs vitesses dessine une carte de la prospérité en chine, avec des pôles de richesse et des zones qui luttent pour rattraper leur retard. Les inégalités ne sont pas seulement géographiques, elles sont le reflet d’un développement économique à deux, voire trois, vitesses.
Les métropoles côtières, vitrines d’une chine qui progresse
Les régions les plus dynamiques affichent sans surprise les salaires minimums les plus élevés. Shanghai mène la danse avec 2 740 yuans (351 €), talonnée de près par d’autres géants économiques. Pékin se distingue avec le salaire horaire le plus haut du pays, à 27,7 yuans (environ 3,55 €), une aubaine pour les travailleurs à temps partiel. Des villes comme Shenzhen (2 520 yuans – 323 €) ou Guangzhou (2 500 yuans – 321 €) complètent ce podium, illustrant la puissance économique du littoral.
L’intérieur du pays, une réalité économique bien différente
Loin de l’effervescence des côtes, le tableau est radicalement différent. Des provinces comme le Liaoning plafonnent à un minimum mensuel de 1 700 yuans (218 €). Le Jiangxi (1 740 yuans – 223 €) ou le Hainan (1 850 yuans – 237 €) témoignent de ce décrochage. Ces chiffres, bien que faibles, sont ajustés au coût de la vie local, nettement inférieur à celui des mégalopoles, mais ils ancrent des millions de travailleurs dans une précarité relative.
Comment les salaires sont-ils vraiment fixés ?
Pour affiner cette politique, les autorités locales ne se contentent pas de fixer un seuil unique par province. Elles ont mis en place un système de classification encore plus précis, mais dont l’application sur le terrain reste un défi majeur.
Le classement par zones économiques : une adaptation au plus près du terrain
À l’intérieur même des provinces, les salaires minimums varient selon des zones économiques, souvent classées de A à D. Cette micro-gestion permet d’adapter les seuils à la réalité économique d’une ville ou d’un district. Dans la province de l’Anhui, par exemple, le salaire minimum en zone A est de 2 320 yuans (297 €), contre seulement 2 000 yuans (256 €) en zone D. Cet écart, bien que moins spectaculaire que l’écart national, montre la complexité du système.
| Région / Ville (Zone) | Type de zone | Salaire Minimum Mensuel (Yuan) | Équivalent approximatif (Euros) |
|---|---|---|---|
| Shanghai | Métropole (A) | 2 740 ¥ | ~ 351 € |
| Shenzhen | Métropole (A) | 2 520 ¥ | ~ 323 € |
| Sichuan (Chengdu) | Provinciale (A) | 2 330 ¥ | ~ 299 € |
| Sichuan (Zone moins développée) | Provinciale (D) | 2 200 ¥ | ~ 282 € |
| Liaoning | Provinciale (C) | 1 700 ¥ | ~ 218 € |
Une application encore inégale sur le terrain
Malgré cet arsenal législatif, l’application du salaire minimum reste un défi. Dans le vaste secteur informel, pour les travailleurs migrants ou au sein des petites entreprises, les contrôles sont souvent lacunaires. L’écart de plus de 60 % entre le smic le plus bas et le plus élevé est déjà vertigineux, mais le fossé entre la loi et la réalité du terrain peut être encore plus brutal pour les plus vulnérables.
Ce salaire minimum ne représente d’ailleurs qu’une fraction du salaire moyen urbain, qui atteignait près de 128 000 yuans (16 379 €) par an dans le secteur public en 2024. Cette différence abyssale souligne que le smic chinois est avant tout un filet de sécurité social, et non un véritable levier de pouvoir d’achat pour une large part de la population.









